Face Ă une maladie aussi redoutĂ©e que le cancer, il est essentiel de comprendre ce que nous pouvons faire pour agir. L’activitĂ© physique, bien plus qu’un outil de prĂ©vention, devient un vĂ©ritable levier thĂ©rapeutique.
introduction
Le cancer est une maladie multifactorielle dont la progression est influencĂ©e par des facteurs biologiques, environnementaux et comportementaux. Parmi ces derniers, lâactivitĂ© physique rĂ©guliĂšre joue un rĂŽle central non seulement dans la prĂ©vention mais aussi dans lâaccompagnement thĂ©rapeutique. De plus en plus dâĂ©tudes mettent en lumiĂšre les liens entre fonctionnement mitochondrial, mĂ©tabolisme cellulaire, inflammation, et exercice physique.
đŹ Mitochondries et cancer : le cĆur du mĂ©tabolisme cellulaire
Les mitochondries, souvent qualifiĂ©es de « centrales Ă©nergĂ©tiques » de la cellule, produisent lâATP via la respiration oxydative. Dans les cellules cancĂ©reuses, on observe frĂ©quemment une dĂ©rĂ©gulation de ce systĂšme :
- AltĂ©ration du mĂ©tabolisme Ă©nergĂ©tique : les cellules tumorales utilisent massivement la glycolyse (fermentation du glucose), mĂȘme en prĂ©sence dâoxygĂšne (effet Warburg).
- Mutations de lâADN mitochondrial : elles perturbent le fonctionnement respiratoire normal.
- Adaptations mĂ©taboliques pro-survie : les mitochondries sâajustent pour favoriser la croissance, rĂ©sister Ă lâapoptose et sâadapter au stress oxydatif.
đ Ces anomalies mitochondriales sont dĂ©sormais reconnues comme une caractĂ©ristique fonctionnelle de la cancĂ©rogenĂšse.
đââïž Lâexercice physique : un alliĂ© cellulaire
LâactivitĂ© physique agit comme un modulateur puissant du mĂ©tabolisme cellulaire et de la santĂ© mitochondriale :
- Elle stimule la biogenÚse mitochondriale par activation de PGC-1α, un régulateur clé.
- Elle amĂ©liore la capacitĂ© oxydative et rĂ©duit lâaccumulation de lactate, freinant lâenvironnement mĂ©tabolique favorable aux cellules cancĂ©reuses.
- Elle réduit le stress oxydatif chronique, améliore la signalisation cellulaire et rétablit un fonctionnement mitochondrial plus stable.
âĄïž RĂ©sultat : des cellules saines plus rĂ©silientes et un terrain moins favorable Ă la tumeur.
đ§Ș PrĂ©vention des cancers par lâactivitĂ© physique
Les données épidémiologiques sont nettes : une activité physique réguliÚre réduit significativement le risque de plusieurs cancers, notamment :
- Cancer du sein : -20 Ă -40 % de risque.
- Cancer colorectal : -25 %.
- EndomÚtre, foie, rein, poumon, prostate (forme agressive) : réduction également observée.
Les mécanismes expliquant cette protection sont multiples :
- AmĂ©lioration du systĂšme immunitaire et rĂ©duction de lâinflammation systĂ©mique.
- Diminution des taux circulants de glucose et dâinsuline, rĂ©duisant lâapport Ă©nergĂ©tique aux cellules tumorales.
- Baisse des niveaux de facteurs de croissance comme lâIGF-1, impliquĂ©s dans la prolifĂ©ration cellulaire.
- RĂ©gulation des ĆstrogĂšnes chez la femme.
đĄïž ImmunitĂ© et exercice : une rĂ©ponse renforcĂ©e
Lâexercice aigu et rĂ©gulier renforce lâimmunosurveillance :
- Activation des cellules NK (natural killer) capables de reconnaßtre et tuer les cellules cancéreuses.
- Amélioration de la circulation et de la diversité des lymphocytes T, essentiels à la défense anticancer.
- RĂ©duction de lâinflammation chronique, un Ă©tat pro-tumoral frĂ©quent chez les personnes sĂ©dentaires ou en surpoids.
đ§ââïž Pendant et aprĂšs un cancer : rĂŽle thĂ©rapeutique de lâactivitĂ© physique
Des essais cliniques ont montré que le sport est non seulement sûr mais bénéfique pendant les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie).
â Effets dĂ©montrĂ©s :
- RĂ©duction de la fatigue, de lâanxiĂ©tĂ© et des troubles du sommeil.
- Amélioration de la qualité de vie globale.
- Meilleure tolĂ©rance aux traitements et moins dâeffets secondaires.
- Potentiel effet sur la diminution du risque de récidive, en particulier dans les cancers du sein et du cÎlon.
« LâactivitĂ© physique adaptĂ©e est lâune des seules interventions capables dâagir Ă la fois sur la fatigue, la rĂ©cidive et la survie. » â Institut National du Cancer (INCa, 2023)
đ Recommandations pratiques
Les recommandations actuelles des autoritĂ©s de santĂ© (OMS, American Cancer SocietyâŠ) sont les suivantes :
- Au moins 150 Ă 300 minutes/semaine dâactivitĂ© modĂ©rĂ©e (ex : marche rapide, vĂ©lo, natation), ou
- 75 Ă 150 minutes/semaine dâactivitĂ© intense, et
- Au moins 2 séances de renforcement musculaire par semaine.
đ§ MĂȘme une activitĂ© modeste mais rĂ©guliĂšre (ex. : 15 minutes de marche par jour) est bĂ©nĂ©fique.
đ§ Conclusion
LâactivitĂ© physique rĂ©guliĂšre agit Ă plusieurs niveaux contre le cancer :
- đ Elle restaure un mĂ©tabolisme cellulaire sain, notamment via les mitochondries.
- đ« Elle diminue les facteurs de croissance, lâinflammation et lâinsulinorĂ©sistance.
- đĄïž Elle renforce lâimmunitĂ© et amĂ©liore la qualitĂ© de vie.
- 𧏠Elle contribue à la prévention primaire, la prévention des récidives, et le soutien des traitements.
đĄ Le sport est plus quâun complĂ©ment : câest une thĂ©rapie intĂ©grative, fondĂ©e sur des preuves.
đ RĂ©fĂ©rences scientifiques
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Wivine Michaux
NutrithĂ©rapeute diplĂŽmĂ©e â SpĂ©cialisĂ©e en activitĂ© physique
Fondatrice de NutriLifeCare
www.nutrilifecare.be